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Le maintien d’un salarié en inactivité forcée à la suite d’une inaptitude est un manquement de l’employeur à ses obligations qui peut justifier une résiliation judiciaire

Cour de cassation n° 23-15.337, chambre sociale, 4 décembre 2024

Rappel des faits 

Un conducteur routier, déclaré inapte le 11 juin 2019, s’est retrouvé maintenu en inactivité forcée. L’employeur, malgré la reprise du paiement des salaires en septembre 2019, a tardé à :

Le salarié finit par saisir le conseil de prud’hommes au bout de 7 mois (en janvier 2020) d’une demande de résiliation judiciaire que la cour d’appel rejette au motif que « cette lenteur ne peut constituer un manquement de la part de l’employeur à ses obligations contractuelles ou légales ».

Rappel de la règle 

Un salarié déclaré inapte par la médecine du travail doit être reclassé par son employeur selon l’article L. 1226-2 du Code du travail en cas d’inaptitude d’origine non-professionnelle et selon l’article L. 1226-10 en cas d’inaptitude d’origine professionnelle.

Décision

La reprise du salaire permet-elle à l’employeur de prendre son temps pour mener sa recherche de reclassement ou pour procéder au licenciement ?

La Cour de cassation casse l’arrêt de la cour d’appel et indique que la reprise du versement du salaire par l’employeur ne suffit pas à remplir ses obligations. La cour d’appel aurait dû déduire l’existence d’un manquement de l’employeur à ses obligations et dire si un tel manquement était d’une gravité suffisante pour empêcher la poursuite du contrat de travail.

La Cour de cassation reconnaît très clairement que « le salarié avait été maintenu dans une situation d’inactivité forcée au sein de l’entreprise, le contraignant ainsi à saisir la juridiction prud’homale », ce qui constitue « un manquement de l’employeur à ses obligations ».

Faire preuve de lenteur pour reclasser un salarié inapte oblige donc d’une part l’employeur à reprendre le versement de son salaire mais, peut aussi constituer un manquement suffisamment grave de l’employeur pouvant, selon la situation, justifier la rupture du contrat de travail à ses torts.

Il existe donc un risque de résiliation judiciaire lorsque l’employeur tarde à réagir à l’inaptitude du salarié.

 

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