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Legaltech : derrière la technologie, l’Homme !

Cet article est paru dans la Lettre des Juristes d’Affaires du 13 janvier 2020, n°1427. Il est reproduit sur ce blog avec l’autorisation de l’éditeur

Intelligence artificielle, machine learning, automatisation… autant de technologies utilisées par les Legaltech qui pourraient laisser présager qu’elles se substitueront à l’action humaine. La transformation digitale bouleverse tous les secteurs d’activité, les métiers du droit ne font pas exception.

La haute qualification technique des juristes et leur expérience pratique ne feront plus office de barrière à « l’ubérisation » du secteur. L’automatisation et l’innovation poussées toujours plus loin, suscitent bon nombre d’inquiétudes, chez les juristes notamment, quant à la survie de certains métiers. Tout l’enjeu réside dans leur capacité à saisir les opportunités de la transformation numérique et à opérer leur propre mutation.

Legaltech : le bras armé de l’action humaine

Des start-ups ont déjà fait de certaines tâches juridiques répétitives le coeur de leur business model. On remarque alors que la technologie se concentre sur les actions à faible valeur ajoutée, en facilitant l’accès à l’information par la collecte et l’enrichissement de données. Ces dernières, deviennent une matière exploitable plus étendue par le juriste pour éclairer la prise de décision et résoudre les problématiques  juridiques.

À y regarder de plus près, les Legaltechs sont avant tout conçues pour faciliter le travail du juriste, plus que pour le remplacer. C’est bien là le propre de la technologie : être un outil créé par l’Homme, pour l’Homme. 

Renouer avec la dimension stratégique de la fonction juridique 

Au sein des GAFAM, la fonction juridique a très rapidement été considérée comme un « business partner » à part entière. 

Ses services sont définis en accord avec la stratégie de l’entreprise, en lien avec ses structures organisationnelles, de façon à sécuriser ses opérations. Les GAFAM ont su ajouter à la notion de partenariat, la nécessaire digitalisation. 

Ainsi, les tâches administratives, les données et les documents, doivent pouvoir être mieux traités pour un gain de temps effectif des équipes. Le fastidieux et le chronophage doivent être pris en charge par la technologie pour laisser place à des missions à plus forte valeur ajoutée : conseil, prévision, analyse ou encore management de projet. Le juriste doit pouvoir étendre son pouvoir de contrôle et améliorer la gestion des risques. 

Révolution culturelle pour les uns, ouverture et transversalité pour les autres… le profil du juriste ne disparaît pas, il évolue ! Il doit désormais avoir, au-delà de son expertise technique première, à la fois des compétences en gestion de projet et une capacité de leadership d’équipe qui lui permettent d’assumer ce niveau d’exigence et de stratégie.

Les Legal Operation Officers (COO) : l’exemple d’un nouveau métier

La promesse de nouveaux métiers n’est pas une utopie, l’émergence du Legal Operations Officer en est un bon exemple. Interface opérationnelle, il est aujourd’hui la pierre angulaire de la transformation, notamment digitale, du département juridique. Le Legal COO devient un levier de sa transformation en réorganisant les équipes, les méthodes de travail après avoir réalisé un audit approfondi du fonctionnement existant. Il identifie les outils digitaux les mieux adaptés pour simplifier les processus, les redéfinir en profondeur, et maximiser à terme la capacité du service juridique à sécuriser les opérations, sans entraver la croissance de l’entreprise. 

Des évidences dans un contexte de complexification réglementaire et d’accroissement des risques.

Cette évolution ne s’imposera pas d’elle-même. Commencer par appréhender la technologie pour résoudre les enjeux de la fonction juridique serait un écueil. Pour en saisir toutes les opportunités et en faire un succès, ces transformations doivent être préparées, suivies sur le long terme et s’inscrire dans une réelle stratégie de Legal Operating Model durable. Alors, l’accompagnement humain des équipes juridiques sera l’élément clef d’une transformation digitale réussie.

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