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Contentieux & Coronavirus : l’activité partielle, entre complexité de mise en œuvre et risque de redressement.

Répondant à une crise avant tout sanitaire mais aussi économique, l’arsenal législatif et règlementaire a été mobilisé dès le début de la pandémie liée à la covid-19. Pour limiter les impacts du confinement sur les employeurs, l’Etat s’est ainsi engagé sur un dispositif d’activité partielle, dont près de 823 000 entreprises auraient demandé à bénéficier pour le mois de mars, 857 000 entreprises pour le mois d’avril, représentant, fin mai, plus de 12 millions de salariés.

En pratique, ce dispositif a permis (i) aux salariés de percevoir une indemnité compensatrice versée par leur employeur et correspondant, au minimum, à 70 % de leur rémunération antérieure brute (environ 84 % du salaire net) et (ii) aux employeurs de bénéficier d’une allocation cofinancée par l’État et l’Unédic correspondant à 70% du salaire brut retenu dans la limite 4,5 Smic. Depuis le 1er juin, cette allocation a été rabaissée à 60%, sauf dans les secteurs faisant encore l’objet de restrictions législatives ou réglementaires particulières.

Des difficultés rencontrées lors de la mise en place de l’activité partielle

Si la mesure sera salutaire pour nombre d’entreprises, elle n’en demeure pas moins un véritable casse-tête pour les services de paie lorsqu’il s’agit, notamment, de déclarer les sommes versées et de calculer les contributions et cotisations dues sur les sommes payées aux salariés.

A cet effet, l’URSSAF a dû redéfinir le régime social applicable aux indemnités d’activité partielle versées aux salariés en sacrifiant, parfois, l’intelligibilité du corpus de règles à la rapidité de la mise à disposition de ses directives.

A ces règles applicables aux seules contributions et cotisations recouvrées par l’URSSAF, s’ajoutent celles, non moins évidentes, applicables aux autres cotisations. Sur ce point, on pense, notamment, aux interrogations qui n’ont pas manqué d’être soulevées dans les premières semaines du confinement s’agissant de l’assiette à retenir pour déterminer les montants des contributions salariales aux régimes de protection sociale complémentaire qui devaient être précomptées sur les indemnités d’activité partielle.

De nouveaux chefs de redressement à venir : point de vigilance lors des déclarations URSSAF !

Et pourtant, dès que l’année 2020 sera ouverte à contrôle, c’est-à-dire dès janvier 2021, c’est la bonne application de l’ensemble des règles d’assujettissement sus évoquées que l’URSSAF sera fondée à vérifier. Compte tenu des difficultés d’interprétation auxquelles ont été confrontées les entreprises, on peut vraisemblablement s’attendre à voir apparaitre dans les lettres d’observations émises à partir de janvier prochain de nouveaux chefs de redressement liés à l’activité partielle. Et les erreurs d’assiette seront très certainement à l’origine de la plupart des chefs de redressement sur le sujet.

Dès à présent, on ne peut donc qu’appeler les employeurs et leurs services de paie à la plus grande vigilance dans la mise en œuvre du dispositif d’activité partielle lors de leurs déclarations URSSAF et les encourager, dans une optique potentiellement contentieuse, à documenter le plus rigoureusement possible l’application du dispositif, en matière de paie, à leurs salariés.

A défaut, il y a fort à parier que les conséquences financières des chefs de redressement liés à l’activité partielle seront loin d’être négligeables pour les entreprises ayant été contraintes de mettre en œuvre ce dispositif pour nombre de leurs salariés en 2020.