La France, en tête en matière de progression des effectifs de recherche – le Royaume Uni s’emploie à rester dans la course
Le 30 septembre 2016, l’Association Nationale de la Recherche et de la Technologie (ANRT) a publié son étude annuelle comparative du coût du chercheur dans différents pays du monde.
Ce rapport met en avant l’importance du rôle du Crédit d’Impôt Recherche (CIR) dans le positionnement de la France comme l’un des « premiers pôles mondiaux de la recherche industrielle ».
Le CIR, un puissant accélérateur à l’embauche des chercheurs
Pour rappel, cette mesure permet aux entreprises menant des travaux de recherche en France et en Europe, de bénéficier d’un crédit d’impôt équivalent à 30% (depuis 2008) du montant des dépenses dédiées à la recherche (soit un coût total de 5,34 milliards d’euros pour l’Etat en 2015).
Cette incitation fiscale a notamment permis à la France de faire croître l’emploi en recherche dans les entreprises en limitant la progression de son coût.
Coût moyen du chercheur sur une base 100 (100 représentant le coût d’un chercheur en France sans incitation fiscale ou subventions)
La France bénéficie d’un coût moyen très attractif (75), comparable au Japon (78) ou à l’Italie, mais loin devant les Etats-Unis (133) ou d’autres poids lourds de l’économie européenne : Allemagne (91) ou Royaume-Uni (98).
Ces écarts significatifs d’indices reflètent des choix politiques très différents : maintenir voire augmenter les rémunérations à un niveau élevé pour attirer les talents (comme aux Etats-Unis ou en Chine, avec une hausse moyenne du coût du chercheur de respectivement 15% et 55% ces 5 dernières années), ou les faire baisser comme en Inde, dernier du classement avec une baisse de 36% depuis 2011.
Pour l’ANRT, l’attractivité de la France reste « fragile », et plusieurs employeurs de chercheurs du panel de l’ANRT rappellent que c’est précisément grâce à cet avantage par les coûts qu’offre le CIR, que le territoire national peut maintenir son attractivité vis-à-vis des autres pôles mondiaux de la recherche.
Evolution de l’emploi en recherche dans les entreprises – nombre de chercheurs en entreprise pour 1000 actifs (2000-2014)
Aussi la France peut-elle rivaliser avec les Etats-Unis en termes de poids des effectifs de recherche dans les entreprises (près de 6 chercheurs en entreprise pour 1000 actifs en 2013, en très forte hausse depuis 2008 : +23%).
Dernier du classement s’agissant de l’emploi en recherche dans les entreprises (3 chercheurs en entreprise pour 1000 actifs en 2013, sans croissance notable ces 5 dernières années), le Royaume-Uni cherche aujourd’hui à combler son retard.
En effet, inverser cette tendance semblerait être une des préoccupations de l’actuel Premier ministre, Theresa May qui affirmait vouloir transformer le Royaume-Uni en « the global go-to place » des scientifiques, innovateurs et investisseurs en technologie.
En 2015, le pays offrait à ses entreprises un crédit d’impôt pour les dépenses de R&D de 33,35% pour les PME et de 11% pour les grandes entreprises, maintenant le Royaume-Uni parmi les pays les plus chers étudiés par l’ANRT en matière de coût moyen du chercheur.
BREXIT : la concurrence fiscale pour stimuler les investissements en R&D ?
Afin que le Royaume-Uni puisse tirer son épingle du jeu de la concurrence fiscale au niveau européen, la Confédération de l’Industrie Britannique (CBI) recommande au gouvernement britannique d’augmenter la part des dépenses publiques et privées de R&D pour l’amener vers l’objectif des 3% du PIB en 2025 (1,7% actuellement). Le FMI a effectivement souligné récemment que les dépenses de R&D du Royaume-Uni étaient inférieures à celles constatées dans de nombreux pays du G7, notamment la France, l’Allemagne et les Etats-Unis.
Le gouvernement est d’autant plus incité à suivre les recommandations du CBI qu’il constate les effets très positifs en termes d’investissements des crédits d’impôts à la R&D : chaque livre sterling dépensée en crédit d’impôt à la R&D entraînerait un investissement complémentaire évalué entre 1,53 et 2,35 livres sterling au Royaume-Uni d’après des études citées par Downing Street.
Theresa May a ainsi prévu de mettre en place une série d’actions destinée à encourager la recherche. Tout d’abord une baisse du taux d’imposition globale qui passera à 19% à compter du 1er avril 2017 (actuellement à 20%), changement qui impactera indirectement le crédit d’impôt dédié à la recherche en faisant augmenter sa valeur actuelle de 8,8% à 8,91%.
Par la suite, un budget de 4,7 milliards de livres sterling est prévu en matière d’incitatifs à la R&D sur les 4 années à venir (le budget annuel d’Innovative UK, l’agence en charge de l’innovation au Royaume-Uni étant aujourd’hui de l’ordre de 500 millions de livres sterling).
L’enveloppe de 4,7 milliards de livres reste à allouer : elle devrait permettre d’augmenter le crédit d’impôt dédié à la recherche et de financer d’autres types de subventions directes à la R&D. La répartition de ce budget devrait être clarifiée d’ici l’été prochain.