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Billet d’humeur sur la QPC : Contribution au service public de l’électricité

Billet d’humeur sur la QPC : Contribution au service public de l’électricité

Toute la lumière est faite sur l’incompétence (négative) du législateur !

Nul n’ignore le poids considérable des impôts dans les recettes publiques, c’est la raison pour laquelle l’article 34 de la Constitution du 4 octobre 1958 impose au législateur, et au seul législateur, représentant du Peuple, le soin de définir « l’assiette, le taux et les modalités de recouvrement des impositions de toutes natures », à défaut de quoi il commet le grief « d’incompétence négative », situation dans laquelle le législateur n’épuise pas entièrement les droits et devoirs qui lui sont dévolus par la norme juridique suprême. Tel peut être le cas si, par exemple, il laisse au pouvoir réglementaire le soin de définir le taux ou les modalités de recouvrement d’un impôt.

Or, parmi les innombrables impôts, taxes, redevances et contributions de toute nature mises à la charge des Françaises et des Français, la contribution au service public de l’électricité (CSPE) pouvait mettre en évidence l’incompétence (négative) du législateur.

En quelques mots, la CSPE est une « petite » taxe dissimulée sur les factures d’électricité (représentant tout de même 10% de l’addition en moyenne!) visant à couvrir diverses charges de service public incombant aux opérateurs de l’énergie, notamment l’obligation qui leur est faite d’acheter l’électricité « verte » (l’énergie éolienne) à un prix supérieur au prix de marché.

Cette « imposition innomée » qu’est la CSPE relève de l’article 34 de la Constitution, comme n’importe quelle autre contribution. Aussi, il appartenait au législateur d’en définir, entre autres, son taux et ses modalités de recouvrement. Or, au cas particulier, le législateur avait failli à sa tâche puisqu’aucune disposition législative ne précisait le taux et les modalités de recouvrement de l’impôt.

Jusqu’au 1er mars 2010, date d’entrée en vigueur de la procédure dite de « question prioritaire de constitutionnalité » (QPC), les justiciables ne pouvaient critiquer les erreurs commises par les parlementaires puisqu’il leur était interdit de soulever l’inconstitutionnalité d’une loi. Depuis cette date, et sous réserve de franchir un certain nombre de barrières (les juridictions du fond et les Cours suprêmes), un justiciable peut soulever l’inconstitutionnalité d’une loi à l’occasion d’une instance contentieuse. L’affaire n°2010-5 QPC du 18 juin 2010 KIMBERLY CLARK était d’ailleurs la première décision de ce genre de nature fiscale.

C’est ce qu’a fait la société PRAXAIR à propos de la CSPE.

L’affaire semblait être gagnée d’avance tant les lois régissant la taxe étaient obscures sur les questions de taux et de modalités de recouvrement.

Cependant, par sa décision 2014-419 QPC, le Conseil constitutionnel met en lumière que l’incompétence (négative) ne justifie pas l’abrogation des textes les plus impénétrables.

Sur un plan technique, les Sages :

MAIS, pour le Conseil constitutionnel :

Une taxe sur l’électricité, un texte législatif obscur, une décision foudroyante. En tout état de cause, un électrochoc pour le contribuable.

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