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Structure des prélèvements obligatoires et politique fiscale

Ministère de l'Economie des Finances et de l'Industrie

Nous avons à plusieurs reprises, sur ce blog, attiré l’attention de nos lecteurs sur la structure particulière des prélèvements obligatoires en France, notamment sous l’angle de leur impact sur la croissance économique1. La publication par la Commission des Tendances de la fiscalité dans l’Union européenne 2013 nous donne l’occasion de revenir sur ce sujet au moment où le gouvernement annonce une « remise à plat » de la fiscalité (des prélèvements obligatoires !).

Précédemment et de façon résumée nous avions fait le constat suivant en comparant la structure des prélèvements obligatoires en France et dans les autres Etats membres :

Qu’en est-il en 2011, date des dernières statistiques disponibles, l’évolution a-t-elle été dans le bon sens pour la croissance et la compétitivité de l’économie française, quels devraient être les domaines et les lignes d’une grande réforme fiscale ? Le tableau ci-dessous donne une illustration des principaux prélèvements et de leur structure dans divers Etats membres de l’UE (choisis pour leur niveau de développement comparable tout en étant dans des situations assez différentes) ainsi qu’en moyenne dans l’UE-27.

Un examen rapide permet de voir que dans leur ensemble, s’agissant des données de 2011, les évolutions des différents types de prélèvements obligatoires ont plutôt continué de pénaliser l’économie française. A cet égard on se référera aux travaux de l’OCDE sur le thème « Fiscalité et croissance ». Ceux-ci s’appuient sur une modélisation qui explique le taux de croissance du PIB par une série de variables explicatives qui comprennent le taux de croissance du capital physique, le capital humain, le taux de croissance de la population, la charge fiscale globale et la part des principales catégories d’impôt dans les recettes fiscales totales. Cette modélisation conclut sur un classement des différents types d’impôts en fonction de leurs effets sur la croissance qui est le suivant, en partant du pro-croissance : (1) les impôts sur la propriété immobilière, (2) les impôts sur la consommation, (3) les impôts sur le revenu et les cotisations sociales et (4) les impôts sur les bénéfices des sociétés.2

De ce point de vue, on ne peut que confirmer le constat de 2010.

Fiscalité indirecte

Un total de 15,1% du PIB, assez trompeur car il est largement dû aux taxes pesant sur la production et non sur la consommation :

Fiscalité directe

11,8% du PIB, soit la 11e position dans l’UE. Ce résultat demeure toutefois insatisfaisant lorsqu’on observe la relation entre taux et recettes.

Cotisations sociales

16,9% du PIB, de très loin la 1re place dans l’UE ! C’est certainement le problème le plus sérieux que pose la structure des prélèvements obligatoires français. Alors que les autres Etats membres ayant fait le choix d’un niveau élevé de protection sociale le financent en partie par l’impôt, la France finance presque l’essentiel par des cotisations assises sur le travail. Ainsi, la part des prélèvements obligatoires destinée aux institutions de sécurité sociale atteint le chiffre record de 54,5% plus de 17 points au-dessus de la moyenne UE (certes cela dépend du mode de financement de la protection sociale selon les Etats mais c’est tout de même très révélateur). Au total, le coin fiscal, c’est-à-dire le rapport entre les charges afférentes (impôts et prélèvement sociaux) à la rémunération d’un travailleur modeste (situé aux 2/3 du revenu moyen) et la rémunération brute versée par l’entrepreneur (y.c. charges sociales) atteint 47,1% en France. C’est l’Etat membre dans lequel il a le plus augmenté entre 2000 et 2012 (+ 3,4 points) alors qu’il a diminué d’environ 2 points dans l’ensemble de l’UE.

Certes il s’agit des données 2011 (seules données disponibles pour des comparaisons internationales) et certaines des modifications législatives intervenues depuis lors auront un impact sur ce constat mais au total, on voit bien à quel point la structure atypique, par rapport à nos partenaires de l’UE, des prélèvements obligatoires en France peut contribuer à pénaliser la croissance et l’emploi. Les marges de manœuvre pour une réforme d’ensemble des prélèvements obligatoires ne sont pas très larges, surtout si l’on prend en considération la perception négative de l’impôt qu’ont le plus souvent les contribuables français. Quelques exemples, nécessairement puisés de l’expérience des pays nordiques6 étant donné le niveau atteint par la protection sociale en France et l’attachement que lui témoignent nos concitoyens, devraient inspirer l’immense travail qui s’annonce, nous y reviendrons prochainement…

 


 

1 Voir blog de Deloitte Société d’Avocats : Michel Aujean, La France : Une structure de prélèvements peu favorable à la croissance et à l’emploi ; 17/11/2010 – Voir également : Le constat pour la France : Une structure de prélèvements peu favorable à la croissance et à l’emploi – Cahier du Cercle des économistes sous la direction de Michel Aujean et Jean-Hervé Lorenzi ; PUF – Descartes & Cie Avril 2011
2 Christian VALENDUC, Quelle structure des prélèvements pour quelle croissance ? Cahier du Cercle des économistes sous la direction de Michel Aujean et Jean-Hervé Lorenzi ; PUF – Descartes & Cie Avril 2011
3 Ce ratio est le rapport entre la recette effective et la recette théorique calculée comme si le taux normal était appliqué à toute la consommation finale.
4 Sous cette dénomination sont notamment classées les taxes suivantes (catégorie D29 des comptes nationaux) : Cotisation foncière des entreprises (CFE), Cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), Impositions forfaitaires sur les entreprises de réseaux, Taxe sur les véhicules de tourisme des sociétés, Contribution développement apprentissage, Taxe sur les salaires, Taxes au profit de l’ Association sur la garantie des salaires, Taxes au profit du CNSA, Taxes au profit du FNAL, Versement transports, Contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S) ainsi que les Taxes sur le foncier bâti et une partie des Taxes sur le foncier non-bâti.
5 Voir notamment : Ph. Aghion et A. Roulet, Repenser l’Etat, Seuil 2011
6 Voir par exemple Sven-Olof Lodin, The making of Tax Law, the development of Swedish taxation, IBFD 2011.
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