Cet article a initialement été publié sur le site de la tribune.fr. Il est reproduit sur notre blog avec l’accord de l’éditeur.
« Tout ce qui est susceptible d’aller mal, ira mal ». La loi de Murphy présente un intérêt. Celui de nous rappeler l’importance de la déjouer, et donc de se préparer au pire !
Si les économistes outre-manche alertent sur les risques de récession à prévoir pour le Royaume-Uni en cas de « No deal », il est malheureusement à craindre que nos entreprises, notamment les plus petites, pâtissent ici aussi douloureusement de la situation.
L’inquiétude monte un peu partout, légitimement. « Préparez-vous ! » exhortent les dirigeants des milieux politiques et économiques. En effet, qui dit fin de la libre circulation des marchandises et des biens, dit retour des formalités, des contrôles (TVA, sanitaires, vétérinaires…) et donc accroissement des délais, ralentissement des échanges, charges nouvelles… on a vu mieux comme perspective de rentrée pour le business ?
Le Royaume-Uni est un partenaire économique important pour la France. Nos entreprises exportent outre-manche, elles importent aussi, avec une balance excédentaire pour la France de 13 milliards d’euros. On dénombrerait près de 70 000 entreprises françaises qui ne maîtrisent pas les formalités douanières extra-communautaires et pour cause. « Demain » ce sont des milliers de TPE, PME qui vont devoir « se familiariser » et surtout absorber une charge administrative dont elles ignorent encore tout. Sans compter l’impact financier de nouveaux droits de douane qui viendront « plomber » encore un peu plus leur activité déjà pénalisée.
Demain, ce sont des milliers de TPE, PME qui vont devoir « se familiariser » et surtout absorber une charge administrative dont elles ignorent encore tout.
Au-delà du ralentissement des flux et donc de l’activité commerciale que l’on peut aisément prévoir, le pire cauchemar se dessine aussi au plan logistique pour nos ports… lorsque l’on songe notamment aux 5 millions de camions qui transitent chaque année par Calais… A imaginer les nouvelles formalités à remplir, Bison futé en a déjà des sueurs froides !
Et qu’en sera-t-il du côté des salariés, de la protection sociale, de la retraite pour ces citoyens européens ayant eu des parcours franco-britanniques ? Qui garantira l’intégralité de leur trimestre de retraite au motif qu’ils ont été réalisés hors convention ? Si les modalités de vie et de travail seront nécessairement révisées pour les britanniques installés ici ou nos concitoyens au Royaume-Uni, une chose est certaine : ils devront de part et d’autre de la Manche s’armer de patience pour obtenir leurs autorisations et autres visas ! Les joies de la mobilité professionnelle pourraient bien devenir un vrai cauchemar.
L’urgence est d’aider nos entreprises à faire face à la nouvelle donne d’un No Deal, en particulier les plus petites, les moins armées et les plus fragiles. Les charges nouvelles (administratives, financières, logistiques, organisationnelles) qui planent sur nos entreprises et nos salariés vont être lourdes. L’Europe envisage des aides. A nous tous, dirigeants et acteurs économiques sur le terrain de leur apporter expertises, conseil, et le soutien dont elles vont avoir tant besoin.