Accueil Fiscalité des groupes

Exclusion du régime mère-fille des titres dépourvus de droits de vote

Le Conseil constitutionnel vient de déclarer inconstitutionnelle cette exclusion, telle qu’elle résulte des dispositions du b ter du 6 de l’article 145 dans leur rédaction antérieure à la LF 2006.

La société Metro Holding France estimait que l’interprétation asymétrique de ces dispositions par le Conseil d’Etat (CE, 12 novembre 2015, n° 367256) aboutissait à une discrimination à rebours (traitement moins favorable des situations purement internes en comparaison des situations intra-communautaires).

En effet, pour le Conseil d’Etat, le législateur, lors de la transposition de la directive mère-filiale, a pris le parti de maintenir des dispositions uniques, applicables tant aux distributions purement internes qu’aux distributions transfrontalières (CGI, art. 145 et 216). S’agissant des distributions intracommunautaires, le Conseil d’Etat a indiqué pouvoir procéder à une interprétation dite neutralisante de ces dispositions, c’est-à-dire à la lumière de la directive, laquelle ne conditionne pas l’application du régime au fait que les titres soient assortis de droits de vote. S’agissant des distributions internes en revanche, il se heurte nécessairement à la clarté du texte, lui imposant de s’en tenir à une interprétation littérale. Autrement dit, c’est davantage de cette impossibilité de retenir une interprétation globale, que des dispositions litigieuses elles-mêmes, qu’est née la discrimination à rebours.

Le Conseil constitutionnel indique, de manière inédite, qu’en posant une question prioritaire de constitutionnalité, tout justiciable a le droit de contester la constitutionnalité de la portée effective qu’une interprétation jurisprudentielle constante confère à la disposition législative contestée.

La discrimination à rebours qui résulte de l’exclusion en cause est contraire au principe d’égalité devant la loi, auquel, on le rappelle, il ne peut être dérogé que pour des raisons d’intérêt général, et à la condition que la différence de traitement soit en rapport direct avec l’objet de la loi qui l’établit. Le Gouvernement arguait qu’en instaurant la condition relative aux droits de vote attachés aux titres des filiales, le législateur avait entendu favoriser l’implication des sociétés mères dans le développement économique de leurs filiales. S’il admet cet objectif, le Conseil constitutionnel considère néanmoins qu’il est sans rapport avec la différence de traitement entre les produits de titres de filiales, qui repose sur la localisation géographique de ces filiales.

Il prononce ainsi l’inconstitutionnalité des dispositions litigieuses, avec effet à la date de publication de la décision, étant précisé qu’elle peut être invoquée dans toutes les instances introduites à cette date et non jugées définitivement.

Bien entendu, il est permis de s’interroger sur les conséquences de cette décision, s’agissant des dispositions du c du 6 de l’article 145, qui reprennent aujourd’hui l’exclusion du bénéfice du régime mère-fille des produits de titres dépourvus de droits de vote, en l’assortissant toutefois d’un tempérament (Décision 2015-520 QPC du 3 février 2016).

  • Amrish Shah

    Amrish Shah est le responsable de la pratique Fiscalité des Fusions et Acquisitions (M&A Tax) pour Deloitte dans la région…

  • Johannes Trüby

    Johannes est associé au sein du département Conseil Économique de Deloitte France. Il est responsable de l’économie de l’énergie et…

  • Olivier Sautel

    Olivier est associé au sein du département Conseil Économique de Deloitte. Son premier domaine d’expertise est l’économie de la politique…

  • Tarun Chanchlani

    Tarun travaille au sein de l’équipe India Tax CoE et gère le portail de gestion des connaissances pour la fonction…

  • Anita Nair

    Anita est Directrice au sein de l’équipe Centre d’Excellence / Connaissances et Solutions (Global Business Tax) à Mumbai. Elle possède…

  • Jimit Devani

    Jimit est un expert en ingénierie et construction. Il se concentre sur les infrastructures (y compris le secteur EPC), le…

  • Naouel Chair

    Naouel travaille au sein de l’équipe Prix de Transfert de Deloitte Société d’Avocats.

  • Édouard Dumas

    Édouard est senior manager basé à Paris et conseille les entreprises françaises et internationales dans les transactions de fusions-acquisitions (M&A)…

  • Romain Havet

    Romain assiste ses clients en fiscalité des entreprises tant sur le plan national qu’international. Il intervient particulièrement lors de leur…

  • Olivier Dias

    Olivier a rejoint Deloitte en 2025 et dirige l’équipe de fiscalité dématérialisée au sein du département fiscalité indirecte en France.…