Le Green Deal Européen : « De la ferme à la table », une stratégie au cœur du pacte vert européen

La stratégie « De la ferme à la table » fait partie des 8 domaines publiés par la Commission Européenne, dans le cadre l’appel Horizon 2020 Green Deal. Cette stratégie met l’accent sur une « transition juste et équitable » pour tous les acteurs des systèmes alimentaires. Parmi les projets ciblés, l’appel soutient le déploiement et le développement d’innovations (TRL 5-7) dans 6 sous-domaines en particulier.
 
Faisons le point sur chacun d’eux.

La Commission européenne cherche à développer et promouvoir de nouveaux modèles d’entreprise verte, qui contribuent à l’objectif de neutralité climatique. Les secteurs agricoles et forestiers ont notamment un rôle à jouer dans le développement et l’implémentation de solutions réduisant leurs émissions propres de gaz à effet de serre.  

Les nouveaux programmes écologiques seront une source importante de financement de pratiques durables, telles que l’agriculture de précision, l’agroécologie (y compris l’agriculture biologique), le stockage du carbone dans les sols agricoles et l’agroforesterie. L’économie circulaire et la bio-économie sont deux récents concepts qui offrent également des opportunités importantes pour les exploitations agricoles et l’industrie agroalimentaire avec de nombreux progrès qui restent à conduire dans ces secteurs.

Deux sous-domaines sont dédiés à ces projets :

  • Parvenir à des exploitations agricoles climatiquement neutres en réduisant les émissions de GES et en augmentant le piégeage et le stockage du carbone.
    Exemples de projets : développement et implémentation de pratiques agricoles nouvelles qui éliminent / stockent le CO2 de l’atmosphère ; ou encore production de biogaz à partir d’effluent d’élevage ou résidus agricoles.
  • Atteindre la neutralité climatique des entreprises de l’agroalimentaire en atténuant le changement climatique, en réduisant la consommation d’énergie et en augmentant l’efficacité énergétique dans la transformation, la distribution, la conservation et la préparation des aliments.
    Exemples de projets : transformation de la biomasse en matériaux et molécules chimiques d’intérêt grâce au développement de techniques innovantes, dont la biotechnologie et le développement de produits biosourcés.

La Commission souhaite également que les entreprises soient porteuses de solutions durables et sûres dans la protection des cultures contre les organismes nuisibles et les maladies, en remplacement des pesticides chimiques.

Un plan d’action pour la gestion intégrée des nutriments comme par exemple l’azote et le phosphore, vise également à combattre la pollution par les nutriments et à accroître la durabilité du secteur de l’élevage. Enfin des mesures devront être envisagées par les entreprises pour réduire la résistance aux antimicrobiens. Ceci passe notamment par l’amélioration du bien-être des animaux. Les sous-domaines dédiés à ces projets sont :

  • Réduire la dépendance aux pesticides dangereux ; réduire l’utilisation et augmenter l’efficacité des engrais ; réduire les pertes d’éléments nutritifs des engrais, en vue d’une pollution zéro de l’eau, du sol et de l’air.
    Exemples de projets : développement de solutions de remplacement sûres (ex lutte intégrée) pour protéger les cultures contre les organismes nuisibles et les maladies ; développement d’outils de gestion durable des nutriments/techniques de fertilisation précises pour une agriculture durable ; recyclage des déchets organiques en engrais renouvelables.
  • Réduire la dépendance à l’égard de l’utilisation d’antibiotiques dans la production animale et l’aquaculture

La promotion d’une consommation alimentaire durable fait intervenir de nombreux domaines, allant de la santé des consommateurs via le développement d’aliments aux profils nutritionnels sains, à la durabilité des systèmes alimentaires en temps de crise, ainsi qu’aux conséquences du changement climatique sur l’appauvrissement de la biodiversité.  Des mesures concrètes sont donc attendues en matière de santé et de durabilité.  

Par ailleurs, la lutte contre les pertes et le gaspillage alimentaires est essentielle pour parvenir à la durabilité. La réduction du gaspillage alimentaire s’inscrit également dans les politiques en matière de récupération des substances nutritives et des matières premières secondaires, de production d’aliments pour animaux, de sécurité des denrées alimentaires, de biodiversité, de bioéconomie, de gestion des déchets et d’énergies renouvelables. Les sous-domaines dédiés à ces projets sont :

  • Réduire les pertes et les déchets alimentaires à chaque étape de la chaîne alimentaire, y compris la consommation, tout en évitant les emballages non durables.
    Exemples de projets : développement de solutions d’emballage innovantes et durables utilisant des matériaux respectueux de l’environnement, réutilisables et recyclables ; réduction des pertes et gaspillages lors de la production de denrées alimentaires ou encore réduction des pertes et gaspillages lors de la transformation, de la préparation, du stockage et du transport des denrées.
  • Adopter des régimes alimentaires sains et durables, provenant de la terre, des eaux intérieures et de la mer, et accessibles à tous les citoyens de l’UE, y compris aux groupes les plus démunis et les plus vulnérables
    Exemples de projets : développement et implémentation de nouvelles sources protéiques alimentaires (algues, insectes) en substitution des protéines animales

Un budget de 72 millions est dédié à la thématique « De la ferme à la table ». Les projets retenus seront financés à hauteur de 70% pour les entreprises, pour des montants compris entre 6 et 12 millions d’euros, et requerront des consortiums de 3 participants a minima, et de 3 nationalités différentes.

Pour plus d’information sur cette thématique, les entreprises sont invitées à se rendre sur le portail de soumission et peuvent consulter le portail des financements et des appels d’offres de l’Union Européenne pour une vision plus large des appels à projets du green deal au-delà de la thématique « de la ferme à la fourchette ».

La date limite de soumission fixée au 26 janvier 2021, et les projets sélectionnés devront commencer à l’automne 2021.

Lucille Chabanel

Lucille intervient depuis plus de 14 ans au sein du département Fiscalité des Entreprises. Rattachée à la ligne de services R&D depuis 2006, elle a développé une forte expertise dans […]

Kelly Cheniara

Kelly Cheniara, ingénieur agronome, spécialité nutrition humaine et santé, équipe R&D assistante senior. Kelly Cheniara vient de l’école d’AgroParisTech. Grâce à une spécialisation en nutrition humaine, elle possède de solides […]